Accueil Panorama Esquisse | Monique, une autre foi, une autre sainte (II)

Esquisse | Monique, une autre foi, une autre sainte (II)

 

Nous avons donc appris, la semaine dernière, que l’un des prénoms féminins les plus portés dans le monde sous diverses versions telles que Monique, Monica, Monika et peut-être d’autres encore, était originaire de chez nous, du territoire jadis appelé Africa et qui, avec Carthage pour capitale, s’étendait sur l’actuelle Tunisie, l’est algérien et la Tripolitaine avec des périodes d’extension et d’autres de rétrécissement. Ce rappel, pour dresser le décor dans lequel va se déployer l’«esquisse» de ce jour.

Monica est donc un prénom libyque (berbère) latinisé. Il dérive de la racine monn, dont il est le diminutif, et qui était le nom d’une divinité locale telle qu’en atteste une inscription sur une stèle votive découverte dans le site archéologique de Thignica (actuelle Aïn Tounga, dans la délégation de Testour).

Sainte Monique, pour revenir à elle, n’était pas pour autant une paganiste ; elle était même d’une famille chrétienne de vieille date. Elle est née vers l’an 332 à Thagste, aujourd’hui Souk Ahras, près de la frontière tunisienne, sur la route reliant Hippone (aujourd’hui Annaba, en Algérie), à Carthage. Elevée par une vieille servante très pieuse, elle est allée à l’école avant de se marier et de donner naissance à 23 ans à un fils, Augustin. Le père de celui-ci ne s’étant converti au christianisme que très peu de temps avant sa mort, le fils a été élevé dans le polythéisme régnant à l’époque avant d’embrasser le manichéisme puis au néo-platonisme tout en vivant dans le libertinage. Monique, pourtant, tout en incitant Augustin à pousser plus loin ses études supérieures à Carthage, ne cessait de le presser à se convertir au catholicisme. En vain.

Un jour, le fils rebelle décida de se rendre en Italie pour y poursuivre sa carrière universitaire. Sa mère a voulu l’en empêcher mais il trompa sa vigilance et embarqua du port de Carthage. La tradition dit que Monique, ayant appris le départ de son fils, venait tous les jours dans une basilique surplombant le port et connue aujourd’hui sous l’appellation de Basilique Saint Cyprien pour prier et pour pleurer de chagrin. Puis elle décida de le rejoindre. Elle débarqua à Ostie puis se rendit à Milan où elle le rattrapa. Dès lors, elle n’aura de cesse de presser Augustin à devenir chrétien. Elle lui disait, selon «Les Confessions», ouvrage majeur de la chrétienté qu’il rédigera plus tard : «Je ne quitterai pas cette vie sans que je ne t’aie vu instruit dans la foi catholique» et, avec ferveur, elle «passait sa vie à prier… sans répit, deux fois par jour, matin et soir» pour le salut de son âme. Jusqu’au jour où il ressentit « un éblouissement ». A cette annonce, la mère «exulte» ; elle «triomphe». «Ma mission dans la vie était de te rendre chrétien ; je l’ai accomplie. Je peux mourir en paix».

Elle mourra neuf jours plus tard, après être tombée malade avant d’embarquer avec son fils pour rentrer à Carthage.

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